1. Pieronelle (1561)
Pieronelle, une jeune flamande, est emmenée par trois français. Ses trois frères partent à sa recherche ; mais, lorsqu’ils finissent par la trouver, elle refuse de rentrer à la maison. Elle aurait à y souffrir la disgrâce d’avoir perdu son honneur, et préfère la vie avec les français, qui aiment la bonne chère et le bon vin.
2. Gaillarde, La Perronnelle (1583)
Dans la version française, les trois français sont trois gendarmes.
3. Te Haerlem in den houte / La meunière du moulin à vent (1621)
Les meuniers ont toujours eu la réputation d’être des hommes à femmes. Dans la chanson néerlandaise, le meunier voudrait faire boire du vin à la mère d’une jeune fille, dans l’espoir qu’il pourra emmener celle-ci dans sa chambre sans se faire remarquer. Dans la chanson française, une meunière repousse les avances du jeune Colin, trop inquiète des ragots du village. La mélodie est manifestement populaire, mais le texte pourrait avoir des origines plus littéraires, bien que le refrain, “par derrière et par devant”, revienne régulièrement dans les chansons gaillardes, du XVIe siècle jusqu’à nos jours.
4. Une jeune fillette (1576)
Une jeune fille est forcée d’entrer au couvent. Elle se désespère loin de son amoureux.
5. Maraen, hoe moogt gy spies en lans verheffen (1626)
“Maraen” est un mot désignant les occupants espagnols qui, entre autres injustices, imposèrent l’effroyable Inquisition à la population. Les “Geuzen” (les gueux) se révoltèrent contre l’Espagne et le catholicisme, et les “chants de gueux” jouèrent un rôle important dans ce combat historique au terme duquel les Pays-Bas devinrent indépendants et protestants, tandis que les Flandres restèrent catholiques sous le règne des Habsbourgs. Ce chant accuse les Espagnols de se croire au-dessus de Dieu, seul vrai maître du monde.
[Maraen, est un surnom peu flatteur pour désigner les Espagnols, il vient de “Moor” (Maure) et “maranno” (en esp. : porc), ce qui, pour un hidalgo catholique, est pour le moins vexant.]
6. Weest nu verblyt, te deser tyt (1626)
En novembre 1576, les Dix-Sepr provinces convinrent de rester unies dans une paix éternelle et de se débarrasser de toutes les troupes étrangères, sauf en Hollande et en Zélande, promises à la liberté religieuse sous Guillaume d’Orange. Ce chant célèbre cet accord, qu’on appelle la Pacification de Gand, et reflète les brefs sentiments d’espoir et de bonheur - bientôt anéantis.
7. Duivelsliedeken (1622)
En mai 1622, Frédéric-Henri de Nassau et ses troupes dévastèrent et incendièrent une grande partie des provinces du Brabant. Ce chant - un pamphlet originaire d’Anvers - s’élève contre les “gueux”, se moquant de la cruauté et de l’hypocrisie de ces hommes, dans l’armée néerlandaise, qui craignent prétendument Dieu. Il utilise l’air du Wilhelmus, qui devint l’hymne national néerlandais, mais ici en rythme ternaire au lieu du rythme binaire habituel.
8. Le beau prince d’Orange (1544)
La mort en 1544 de René de Nassau, le “beau prince d’Orange”, durant la guerre entre Charles V et François I.
9. Nieu kluchtigh liedeken van den geuzen haes-op uyt Calloy(1638)
Il s’agit ici d’une deuxième chanson contre les gueux, victimes d’une grave défaite à Kallo sur l’Escaut en 1638. Les Néerlandais avaient trouvé en la France une alliée pour s’opposer aux Espagnols en Flandres, mais ce fut en vain, car les troupes espagnoles réussirent à repousser les Néerlandais. Le fils du prince Guillaume de Nassau fut tué lors de la bataille. Ce qui arrangeait les Flamands pro-catholiques, qui font la satire des “gueux” dans ce texte, sur un air flamand traditionnel bien connu.
10. Je m’en vais à Livarro (1615)
Une vrai chanson à boire française. A cette époque (1615), les Français associent les Flandres à l’idée de la fête telle que dépeinte par Brueghel, Teniers, Van Ostade ou Jan Massijs.
11. Dat men eens van drincken spraeck (1621)
Les chansons à boire étaient aussi appréciées aux Pays-Bas qu’en France, et cette chanson (écrite dans le style des “chambres de rhétorique”) loue les bienfaits du bon vin qui fait parler, danser, chanter : adieu sagesse, et à demain.
12. Les Gorriers (XIVe s.)
Au 15e siècle, à Paris, les “gorriers” étaient des jeunes gens qui aimaient vivre assez crapuleusement. Il y a une étude de Gaston Paris et Auguste Gevaert qui réuni 143 chansons de ce genre, “Chanson du XVe siècle”, Paris. (Paris, Bibli. nat. manus. fr. 12.744/Gaston Paris & Auguste Gevaert.)
13. Die nachtegael int wilde (1589)
Chanson bilingue, en néerlandais avec un refrain français, écrite sur un brand ou branle, l’une des danses françaises les plus prisées. Le texte et l’histoire elle-même sont imprégnés de francité : un amant supplie sa dame de lui rendre ses sentiments. Son cœur est déjà pris, mais - lorsqu’il menace de s’ôter la vie - elle ne veut pas se montrer trop dure et l’accepte aussi. Même si le pape était son père, elle ne renoncerait pas à l’amour de ce fidèle serviteur.
14. Quand le grillon chante (1576)
Un “air de cour” typique qui évoque et idéalise la vie pastorale. Cette chanson est extraite d’un recueil de Jehan Chardavoine (1576) qui en contient 153.
(p.s. à l’époque, le “grillon” désignait aussi le sexe féminin).
15. Beso los manos, myn soete schelmtje (1621)
Chanson satirique sur l’enthousiasme avec lequel toutes les nations ne cessent de partir en guerre, toujours au détriment des paysans. C’est l’une des chansons “grossières” de Starter. Jan Jansz Starter, d’origine anglaise, était un poète mineur, mais un excellent auteur de chansons, qui aimait emprunter les mélodies d’autres pays d’Europe, dont l’Angleterre, la Flandres et la France.
16. Réveillez-vous Picarz (XVe s.)
Cette chanson évoque le joli temps (1489) où Maximilien d’Autriche et le roi de France se faisaient la guerre dans les villes de Flandre, Picards et Bourguignons se mettaient la pâté.
Proverbe de l’époque : Les Picards boivent et les Flamands paient.
17. Het vertrek des cale Fransche (1489)
Idem que 16
18. La prise de Mons (XVIIe s.)
Fin du XVIIe siècle. Guerre entre Louis XIV et la Ligue d’Ausbourg (Pays-Bas, Angleterre), Louis XIV fait le siège de Mons et Bombarde Bruxelles (destruction de la Grand’Place).
19. La bataille de la Hougue / La bataille de Steinkerque (1692)
Cette chanson évoque deux défaites de la France en 1692
20. Quand ce beau printemps je vois / Schoonste nymfe van het wout
Quand ce beau printemps je voy” est un poème de Pierre de Ronsard qui figurait dans les Airs de cour (1571) d’Adrien le Roy. L’air était si prisé qu’on en fit de nombreuses parodies en français, néerlandais, allemand et italien, sur des textes bucoliques, politiques, et même religieux.
21. La belle Flamande (XVIe s.)
Les campagnes françaises en Flandre, ne consistaient pas seulement à se faire la guerre. Les soldats français considéraient la Flandre comme un pays de cocagne, on y vivait bien et les amours y étaient faciles.
22. Floris en Blanchefleur (XVe s.)
L’origine de cette ballade est un poème médiéval français, Flore et Blanchefleur. Cette version transmise oralement fut recueillie par Edmond de Coussemaker au milieu du XIXe siècle en Flandre française (où il se parle encore un dialecte flamand).
Blachefleur n’a pas le droit d’épouser le fils du roi et est vendue à l’empereur de Turquie, tandis qu’on raconte à son Floris bien-aimé qu’elle est morte. Il apprend qu’elle est en vie et part pour la Turquie où il réussit à s’introduire dans le palais, en se cachant dans une corbeille que Blanchefleur remonte à l’aide d’une corde. Il entre dans sa chambre, ils tombent dans les bras l’un de l’autre et passent la nuit ensemble. Au milieu de la nuit, l’empereur entre dans la chambre à coucher et s’apprête à les tuer tous les deux, mais ils implorent. L’empereur renonce, leur pardonne et les laisse se marier à l’église, apportant à cette histoire, au bout de dix-neuf couplets, l’issue heureuse qu’elle mérite.
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