(1). V. Documenta ecclesiastica christianae perfectionis studium spectantia, collegit Ios, De Guibert. S. J. Rome, 1931, n. 273 (Condamnation de Marguerite Porete) :
1. Que l’âme anéantie doit donner congé aux vertus et n’est plus à leur service, parce qu’elle n’en a plus l’usage, mais les vertus lui obéissent.
2. Qu’une telle âme n’a plus cure des consolations de Dieu ni de ses dons, et ne doit pas s’en soucier et ne saurait même le faire, car c’est Dieu seul qui retient son attention, et ces choses y feraient empêchement.
La première proposition est expliquée par le contexte du Miroir en ce sens : la pratique des vertus est inséparable de l’union, mais quand l’âme est assez avancée en celle-ci, toute absorbée enfin par l’Objet divin, elle les exerce sans en être occupée : “les vertus sont avec elle, elle n’est plus avec les vertus”. — ces thèses ne nous semblent pas aujourd’hui proprement scandaleuses ; elles ont d’ailleurs passé (dans le sens indiqué pour la première), comme bien d’autres thèses bégardes corrigées, par l’intermédiaire de Tauler et de Ruusbroec, dans l’enseignement de nombreux auteurs spirituels. La seconde se trouve en substance dans saint Jean de la Croix ; elle lui est moins propre qu’on ne le pense généralement, et c’est sainte Catherine de Gênes († 1510) qui semble faire directement écho sur ce point au Miroir. Si elles ont cessé, dans ces auteurs, de nous choquer, c’est d’abord qu’elles s’y trouvent sagement expliquées et encadrées, et en outre illustrées par l’exemple d’une vie vraiment sainte. C’est aussi, peut-être, parce que nous comprenons mieux le langage de la vie d’union, lequel s’est fait accepter peu à peu, non sans une période d’incertitude périlleuse et de tragiques méprises