Denis de Rougemont, L’Amour et l’Occident, Paris, 1939. L’auteur donne à ces “deux grands courants de la mystique universelle” les noms de “mystique unitive” et de “mystique épithalamique”. La seconde seule serait orthodoxe, selon M. de Rougemont. Mais la répartition des spirituels dans l’une ou l’autre catégorie, comme l’étude même des caractères de chacune, ne va pas dans ce livre au delà d’une incertaine ébauche. (Ruusbroec n’appartiendrait pas à la “mystique unitive” !) — En vérité, la vie spirituelle est une, c’est chose dont le théologien ne peut douter un instant : le But est unique, le Médiateur est le Christ et les éléments de contrôle, dogmatiques ou moraux, sont immuables. La doctrine des mystiques ne peut donc laisser, en un sens, d’être complète ; mais certains éléments, développés chez les uns avec une grande abondance de ressources (ainsi l’élément ontologique chez Ruusbroec), peuvent se trouver réduits chez d’autres à un petit nombre d’indications, que discernera pourtant l’oreille exercée. — Il ne faudrait pas cependant, pour maintenir l’unité foncière de l’oraison, méconnaître la liberté propre aux démarches de l’esprit, ni celle de l’éclair toujours nouveau qui jaillit entre l’âme et son Dieu. Les historiens et les critiques qui se sont occupés des auteurs spirituels se font généralement la tâche trop facile, en réduisant au même dénominateur psychologique et doctrinal une mystérieuse diversité d’expériences extérieures.