Rudolf Otto, dans un livre des plus remarquables par la justesse et la finesse des analyses typologiques, a bien montré que la dévotion à l’Humanité du Christ et aux Sacrements, aussi bien chez Eckhart que chez Suso, n’est pas une concession de la mystique spéculative, dont il y aurait lieu de faire abstraction pour saisir celle-ci dans sa pureté, ces contemplatifs insignes ne sont pas des métaphysiciens condescendants, soucieux de ne pas décevoir le public fidèle, — comme une grossière exégèse l’a parfois supposé. Les deux aspects — dévotion et simple regard — se soutiennent et s’exigent mutuellement chez les mystiques rhénans, à tel point que supprimer l’un, c’est dénaturer l’autre et s’interdire tout accès à leur vie intérieure (Rud. Otto, West-Oestliche Mystik, trad. fr. Mystique d’Orient et Mystique d’Occident, Paris, 1951).